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L'art de la fausse générosité - La fondation Bill et Melinda Gates
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Caractéristiques | |
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Auteur | Lionel Astruc |
Éditeur | Actes sud |
Collection | Nature / Récit d'investigation |
Date de parution | 13/03/2019 |
Langue | FR |
Nombre de pages | 128 |
Format | 11 x 21 cm |
EAN | 978-2330118778 |
ISBN | 2330118775 |
Page Web (éditeur) | L'art de la fausse générosité - La fondation Bill et Melinda Gates |
Présentation par l'éditeur
Emblème de l’accumulation de richesses et géant de l’informatique, Bill Gates est devenu en quelques années une icône de la philanthropie. Mais en réalité ses opérations philanthropiques s’apparentent à un outil au service des multinationales les plus nocives pour l'environnement, la santé et la justice sociale et parfois également au service des intérêts économiques de Bill Gates lui-même.
Première publication sur ce sujet en France, ce livre en apporte la preuve en suivant, depuis leur source, les flux financiers qui alimentent les actions dites « caritatives » de la fondation Bill et Melinda Gates.
L'auteur
Lionel Astruc est auteur de dix-huit livres consacrés à la transition écologique. Il a mené de nombreuses enquêtes sur les filières de matières premières, les origines de nos biens de grande consommation et les initiatives pionnières pour transformer la société. Plusieurs de ses ouvrages ont été publiés dans la collection Domaine du Possible dont un livre d’entretiens avec Vandana Shiva :Vandana Shiva. Pour une désobéissance créatrice et, en 2015, Le Pouvoir d’agir ensemble, ici et maintenant, avec Rob Hopkins. En 2017 il publie un roman d’investigation intitulé Traque verte. Les dernières heures d’un journaliste en Inde. En 2018, il publie Le cercle vertueux qui est une série d’entretiens avec Nicolas Hulot et Vandana Shiva. Son dernier livre l’Art de la fausse générosité, publié en mars 2019.
Source : Actes sud
Table des matières
- Introduction – Plus de mal que de bien
- 1. L’épopée de Microsoft
- 2. La richesse d’abord, le pouvoir ensuite
- 3. L’avidité prend l’habit de la générosité
- 4. Agriculture et santé : donner pour mieux prendre
- Postface – Vandana Shiva : « Bill Gates est le visage d’un système »
Notes de lecture
3. L’avidité prend l’habit de la générosité
Une fortune mal acquise
La fortune de Bill Gates trouve son origine dans les monopoles conquis par Microsoft dans le domaine des systèmes d’exploitation et des logiciels informatiques. Avant lui, les pionniers de l’informatique utilisaient librement les logiciels conçus par d’autres passionnés. Le tout était fabriqué “maison” et personne n’avait encore payé un logiciel.1) Bill Gates a rendu payant ce qui se partageait gratuitement et a donc mis fin à une activité à but non lucratif, à un univers où les férus de technologies avaient à cœur de partager largement plutôt que de trouver le moyen de vendre leurs découvertes. Selon Gary Rivlin, journaliste américain spécialisé en informatique, le fait que Bill Gates ait bâti son immense fortune à partir des fruits de cet écosystème citoyen et désintéressé est « la plus cruelle des ironies », d’autant que l’étudiant s’est précisément servi d’espaces et d’équipements collectifs (les laboratoires de Harvard où il était étudiant), et bien sûr des avancées de ses prédécesseurs, pour faire sa découverte.2)
Le succès économique de l’entreprise repose sur la conquête d’une position dominante, qui a d’ailleurs fini par être jugée illégale aux États-Unis. Comme le défend Barry Ritholtz dans le Washington Post, « la plus grande force de Microsoft a toujours été son monopole dans la chaîne du PC. Sa concession exclusive de licences avec les fabricants d’ordinateurs impliquait un paiement obligatoire de la licence MS-DOS, qu’un système d’exploitation soit ou non utilisé. Puisque payer deux systèmes d’exploitation n’avait aucun sens, cette situation a créé une barrière énorme pour toute autre entreprise de développement de logiciels. Aucun fabricant de système d’exploitation n’a pu mettre un pied dans la porte du marché des PC. En 1994, au moment ou Microsoft a été contraint par le ministère de la Justice américain de mettre fin à ces arrangements illégaux3), l’entreprise avait conquis une part de marché dominante dans la vente des systèmes d’exploitation […] Ses trois principaux produits – Office, les outils Server et Windows – représentent les trois quarts de ses recettes et presque tous ses profits. Ce n’est pas une coïncidence si ces trois branches sont les bénéficiaires directes du monopole de Microsoft. Aucun de ses autres secteurs d’activité n’a connu le même niveau de réussite grâce à ses propriétés monopolistiques.4)
[…]
Microsoft à également été jugé pour activités illégales en Europe. En 2004, la Commission européenne a conclu, au terme de cinq ans d’enquête, que l’entreprise enfreint les règles de concurrence communautaires en abusant de son quasi-monopole sur le marché des systèmes d’exploitation pour PC afin de restreindre la concurrence sur les marchés des systèmes d’exploitation pour serveurs de groupes de travail et les marchés des lecteurs multimédias, par des pratiques qui avaient encore lieu alors. Microsoft s’est vu infliger une amende de 497 millions d’euros. La Commission européenne a clairement exposé la manière dont l’entreprise a tenté d’arriver à une position de monopole : « Microsoft a abusé de son pouvoir de marché en limitant, de manière délibérée, l’interopérabilité entre les PC Windows et les serveurs de groupes de travail de ses concurrents, et en liant la vente de son lecteur Windows Media (WMP) avec Windows, son système d’exploitation présent sur la quasi-totalité des PC dans le monde. Ce comportement illicite a permis à Microsoft d’acquérir une position dominante sur le marché des systèmes d’exploitation pour serveurs de groupes de travail, produits logiciels qui sont au cœur des réseaux informatiques d’entreprises, et risque purement et simplement d’éliminer la concurrence sur ce marché. Par ailleurs le comportement de Microsoft a affaibli, dans une très large mesure, la concurrence sur le marché des lecteurs multimédias. Ces abus, qui n’ont pas cessé, constituent un frein à l’innovation et sont préjudiciables au jeu de la concurrence et aux consommateurs, qui ont, e, définitive, moins de choix et doivent payer des prix plus élevés. »5)
3. L’avidité prend l’habit de la générosité – Pages 43 à 46
4. Agriculture et santé : donner pour mieux prendre
Au-delà du personnage de Bill Gates, c’est la pratique même du “philanthrocapitalisme” qui doit nous alerter sur le pouvoir démesuré d’une poignée de “super-riches”. Le style débonnaire de Bill Gates, mi-étudiant, mi-père modèle, tout comme l’allure détendue de Mark Zuckergerg sont la façade ingénue d’un système violent à l’égard des libertés individuelles, des plus pauvres et de l’environnement. Leur pouvoir ne doit pas être scruté seulement en bout de chaîne, mais à la source : l’accumulation de richesses nourrit le “philanthrocapitalisme”. En 2018, un rapport d’Oxfam révélait que les 1 % les plus riches de la population mondiale avaient empoché 82 % des richesses créées pendant l’année écoulée et que, dans le même temps, la moitié la plus pauvre de l’humanité n’en avait pas vu une miette.6) L’ONG indiquait également qu’entre 2016 et 2017 le nombre de milliardaires avait augmenté plus rapidement que jamais, à raison d’un nouveau milliardaire tous les deux jours. La plupart de ces “super-riches” doivent souffrir de dissonance cognitive manifeste les poussant à des actions charitables pour soigner les maux qu’ils créent eux-mêmes quand ils privent le reste de l’humanité d’immenses richesses, mais aussi lorsqu’ils polluent : « Les plus aisés sont les principaux pollueurs mondiaux », explique Lucas Chancel, chercheur en sciences sociales, spécialisé en économie des inégalités et en sciences de l’environnement.7)
[…] De même, les plus riches doivent payer leur juste part d’impôts en ayant leur taux d’imposition augmenté. Il est donc essentiel de renforcer les mesures de lutte contre l’évasion fiscale. Il deviendra alors possible d’accroître significativement les dépenses dans les services publics, comme la santé et l’éducation. Oxfam estime qu’un impôt mondial de 1,5 % sur la fortune des milliardaires pourrait permettre de scolariser tous les enfants. Une véritable lutte contre la pauvreté consiste à réunir les conditions permettant à chacun de vivre dignement, sans dépendre de la charité d’un plus riche.8)
4. Agriculture et santé : donner pour mieux prendre – Pages 93 & 94
En complément, lire également :
- Dans l’UE, seuls les plus pauvres réduisent leurs émissions : celles-ci augmentent chez les 10 % les plus riches – Oxfam, communiqué de presse – 08/12/2020
- Les ultra-riches ont récupéré les pertes dues à la crise en un temps record alors que des milliards de personnes vivront en situation de pauvreté pour la prochaine décennie – Oxfam, communiqué de presse – 25/01/2021
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Ressources complémentaires
- Philanthropie : Le capital se fout de la charité – #DATAGUEULE 93 – (Vidéo – 11 min 40)
- Le script et les sources de l’épisode sont disponibles sur le wiki de DATAGUEULE
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