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Internet ou le retour à la bougie

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Couverture du livre "Internet ou le retour à la bougie"

Caractéristiques
Auteur Hervé Krief
Éditeur Écosociété
Collection Résilience
Date de parution 19/03/2020
Langue FR
Nombre de pages 118
Format 10 x 17 cm
EAN 978-2897195588
ISBN 978-2-89719-558-8
Page Web (éditeur) Internet ou le retour à la bougie


Présentation par l'éditeur

Sur quoi repose la société de l’Internet ? Quels enjeux environnementaux et sociaux soulève le bonheur de la connexion permanente ? À quels renoncements, à quels sacrifices mène la numérisation de nos vies ? Les technologies se sont multipliées sans véritable délibération sur leurs implications sociétales. Dans ce conditionnement généralisé, nous nous sommes résignés à ce que le numérique façonne notre existence.

L’ambition de cet essai est d’ouvrir le débat sur ce sujet, mais aussi de faire découvrir des auteurs passionnants (Jacques Ellul, Hartmut Rosa, Philippe Bihouix, Bernard Charbonneau, Jaime Semprun…) afin de prendre la mesure de cette démesure qui semble achever l’expropriation des humains d’eux-mêmes et la destruction du monde vivant. Ce pamphlet, véritable critique radicale de l’Internet et de la société technicienne, se mêle à un récit de vie élaboré à partir d’une observation attentive des transformations de nos vies quotidiennes au travail, dans l’espace social et dans le domaine privé.


L'auteur

Musicien, Hervé Krief a notamment joué avec Miles Davis et enregistré avec Ray Charles et Didier Lockwood. Il fait partie du collectif Écran total, qui vise à générer les résistances à l’informatique et à la logique gestionnaire. Internet ou le retour à la bougie est son premier essai.

Source : Écosociété

Hervé Krief a également écrit un deuxième livre intitulé « Ombres et lumières ou La faible lueur d'une bougie est préférable aux ténèbres de la modernité connectée », publié par l’association Quartz. Voir cet article qui en parle…


Table des matières

  • Introduction
  • Chapitre 1 – La centralité de l’outil
  • Chapitre 2 – Le taux de connexion devient démentiel
  • Chapitre 3 – La transformation des métiers
  • Chapitre 4 – Atomisation du cerveau et de la condition humaine
  • Chapitre 5 – L’uniformisation standardisée des humains et la nouvelle unicité de l’être
  • Chapitre 6 – Taylorisme, hiérarchie et hétéronomie
  • Chapitre 7 – Internet est gouverné par les Gafam
  • Chapitre 8 – La réalité des infrastructures de l’Internet
  • Chapitre 9 – Extractivisme et esclavage
  • Chapitre 10 – Les déchets
  • Chapitre 11 – Humains connectés dans un monde malade, humains malades dans un monde connecté
  • Chapitre 12 – La femmécran, l’hommécran
  • Chapitre 13 – Le retour à la bougie
  • Annexe – ÉCRAN TOTAL : résister à la gestion et l’informatisation de nos vies
  • Épilogue – Une infime lueur d’espoir subsiste


Notes de lecture

Chapitre 5 – L’uniformisation standardisée des humains et la nouvelle unicité de l’être

L’arrivée de ce terminal informatique relié à l’Internet (appelé smartphone) dans les mains de chaque Terrien préfigure une transformation complète de la nature humaine. Elle signifie également la suppression irréversible des cultures humaines.Ces deux socles, nature humaine et cultures, se fondent et disparaissent dans une uniformisation standardisée et unique des individus. Avoir réussi à inculquer à chacun la nécessité irrépressible d’être connecté en permanence quel que soit sont lieu de vie, sa provenance sociale et son degré de liberté est une réussite… pour les industriels et les États, et une catastrophe pour les autres.

Cela signifie l’arrachement de la condition humaine dans tout ce qu’elle possédait à la fois d’universel et de singulier pour chaque peuple. Désormais, nous obéissons à des procédures mentales qui ne sont ni le produit de notre propre entendement ni celui du rapport au monde qui nous entoure, mais l’œuvre des industriels. Elles visent à créer et inventer une nouvelle identité standardisée. Il n’est pas anodin que les systèmes d’exploitation des portables soient le monopole de Google et d’Apple. Il est essentiel pour eux de façonner les utilisateurs de ces gadgets et de les transformer en humains obéissants dont la vie, dépourvue de subjectivité, s’inscrit dans un monde de marchandisation perpétuelle et se développe à un rythme effréné constamment soumis à des sollicitations extérieures.

Chapitre 5 – L’uniformisation standardisée des humains et la nouvelle unicité de l’être – Pages 40 & 41

Nous parlons, nous marchons, nous faisons nos courses avec un portable à la main. Nous dormons avec et il est des nourrissons qui le réclament comme « doudou ». Dans la vie de tous les jours, au travail comme dans la vie privée, il est omniprésent et rares sont ceux qui s’en éloignent de temps en temps. […]

Il façonne notre esprit selon une logique rationnelle et mathématique et contribue à la perte d’un regard curieux et ouvert sur les autres. Cette addiction de la race humaine tout entière met un terme définitif à l’idée même que nous puissions construire et penser une forme d’autonomie réelle. Elle abolit également le lien ténu qui nous reliait encore à la Terre et au monde organique.

[…]

C’est un acte de soumission volontaire global, incluant l’immense majorité des habitants de la planète, à une machinerie technologique dont aucun élément ne nous est familier, dont nous somme incapables de penser le fonctionnement et dont nous devenons des petits rouages interchangeables et malléables. L’acte de rébellion ou même de sabordage n’existera plus, l’ensemble de nos faits et gestes étant contrôlés instantanément et en permanence sans aucune autre possibilité que de jouer le rôle que l’ordinateur nous aura dévolu.

[…]

L’organisation de notre vie sociale, comme celle de notre vie privée, repose essentiellement sur le smartphone. Ainsi nous nous immergeons continuellement dans des procédés mathématiques, rationnels et quantifiés. Ils nous mettent en accélération permanente et dans l’acceptation que cette vitesse en augmentation constante est jouissive, qu’elle s’inscrit dans l’essence même de notre existence.

Chapitre 5 – L’uniformisation standardisée des humains et la nouvelle unicité de l’être – Pages 42 & 43


Chapitre 6 – Taylorisme, hiérarchie et hétéronomie

Le dogme de Google, adopté par les innombrables sociétés qui, dans son sillage, essayent de tirer profit du commerce informatique, se caractérise par l’achèvement de la dépossession des humains d’eux-mêmes. Il consiste à imposer une dépendance complète de tous, de tout et de tous les instants à la ressource numérique. Chaque question doit être résolue, chaque sensation doit etre constituée par l’outil technique relié à l’Internet. Il vise ainsi à éradiquer l’idée même d’une autonomie possible, d’un monde à la mesure des humains. Cette destruction semble être l’aboutissement de deux siècles de capitalisme triomphant.

Chapitre 6 – Taylorisme, hiérarchie et hétéronomie – Pages 45 & 46

Ainsi la dépossession des savoirs-faire, des savoir-vivre ensemble et des savoir-penser autonomes nous mène, me semble-t-il, à une vie individualisée et hors-sol et sous le contrôle permanent, sous dépendance devrais-je dire, des machines connectées au réseau de l’Internet. C’est ainsi qu’est accolé à toutes ces expropriations le mot smart, « intelligent » ou « malin » en français. Depuis le « smart » retrait pour les « cartes bleues » jusqu’aux smart cities ou à la « smart » planète. Les femmes et les hommes sont donc expulsés d’eux-mêmes par cette organisation scientifique, rationnelle et numérisée et extraits du monde dans lequel ils vivent.

Google et les Gafam n’inventent rien, ils se contentent de porter cette dépossession à son paroxysme grâce à le cybernétique et à la connexion intégrale de toutes les données numériques permise par l’Internet. Néanmoins, ils exploitent avec beaucoup d’ardeur et en investissant des moyens colossaux cette possibilité nouvelle de soumettre l’ensemble des peuples occidentaux à une dépendance terrible et totale en instaurant une nouvelle hiérarchie qui les érige en maîtres des vies sociales et privées, des destins économiques et de l’organisation du monde.

C’est le développement extraordinaire de la puissance technologique qui a permis une telle concentration des pouvoirs. La démesure des installations industrielles, leur complexité technique et le contrôle permis par les machines de plus en plus sophistiquées ne laissent aucune chance à « l’homme ordinaire » de maîtriser son destin.

Chapitre 6 – Taylorisme, hiérarchie et hétéronomie – Pages 49 & 50


Chapitre 7 – Internet est gouverné par les Gafam

C’est une véritable croisade à laquelle se livre Google. Tels les chrétiens d’antan, elle vise à convertir in fine toutes les sociétés, toutes les organisations, toutes les associations et tous les individus à la religion numérique. Plus nous serons nombreux à utiliser l’Internet et les outils qu’elle met « gratuitement » à notre disposition, et plus son pouvoir financier sera grand et donc sa capacité à imposer son catéchisme technologique. La récolte de données numériques innombrables et infiniment variées permet d’ouvrir de nouveaux champs dans la marchandisation de la planète. Google s’en est emparé afin de fabriquer des algorithmes qui recueillent toutes ces données et les traitent dans le but d’optimiser et de personnaliser les services, autrement dit de ferrer l’utilisateur, qui devient prisonnier d’un piège qu’il alimente lui-même.

[…]

P.-S. : J’ai laissé volontairement de côté les logiciels libres et toutes les tartufferies évoquant un horizon libéré par la gratuité et le partage. Il s’agit évidemment d’un leurre et d’une falsification éhontée. Les logiciels libres ne peuvent se passer de toute la machinerie technologique et des infrastructures inféodées aux multinationales de l’Internet. Ils ne modifient en rien les transformations subies par notre société et notre condition humaine ni les destructions qui les accompagnent. Ils sont à mes yeux l’équivalent, à une moindre échelle, de la sécurité sociale ou des congés payés pour le système capitaliste : une soumission, à travers un aménagement permettent de rendre la vie des aliénés et des anéantis un peu moins lugubre, à l’ordre de l’Internet et du totalitarisme numérique.

Chapitre 7 – Internet est gouverné par les Gafam – Pages 56 &57


Chapitre 8 – La réalité des infrastructures de l’Internet

[…], l’Internet n’a rien d’un monde merveilleux et dématérialisé ou virtuel. Il n’existe que par des investissements colossaux et des infrastructures gigantesques et relève d’une concentration très élevée du pouvoir. Il est incontestablement l’étape actuelle du capitalisme mondialisé. Il est le rouage essentiel de l’avènement d’une société industrielle « intelligente » (smart) et connectée.

L’idée d’un Internet écologique et alternatif, c’est-à-dire qui ne détruit pas ou ne nécessite pas de polluer notre environnement, d’une part, et qui appartient au peuple ou à de petites communautés, d’autre part, est une chimère dont se repaissent les altermondialistes et les écologistes. C’est un non-sens intégral que d’imaginer un Internet vertueux, respectueux de la Terre et des peuples, incitant à la réflexion profonde et à la liberté. C’est une pure illusion que de penser le monde numérique à la mesure des humains et s’inscrivant dans la plénitude et l’épanouissement de la condition humaine.

Chapitre 8 – La réalité des infrastructures de l’Internet – Page 63


Suite à rédiger…


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